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suivait toujours à l’ouest. Cette batture avait au moins une demi-lieue d’étendue. Quelques-uns crurent même voir une terre basse dans le sud-ouest des brisans. Bougainville fit gouverner au nord jusqu’à quatre heures, et alors il remit encore le cap à l’ouest : ce ne devait pas être pour long-temps. À cinq heures les vigies aperçurent de nouveaux brisans dans la région du nord-ouest, à peu près à une demi-lieue de distance. On les approcha davantage pour les mieux reconnaître : on les vit s’étendre du nord-nord-est au sud-sud-ouest plus de deux milles, et on n’en apercevait pas la fin. La mer brisait avec fureur sur ces écueils, et quelques têtes de rochers s’élevaient sur l’eau de distance en distance.

D’après tous les indices que Bougainville apercevait depuis trois jours, il jugea qu’il devait être peu distant de quelque grande terre, et que même il devait lui en rester dans le sud-est. Il avait en effet dépassé d’environ quatre degrés le méridien de la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, et la Nouvelle-Calédonie, découverte plus tard par Cook, lui restait dans le sud-est.

Dans cette position, la prudence commandait d’éviter une terre qui ne promettait aucune ressource en vivres, et de laquelle on ne pouvait se relever qu’en luttant contre les vents régnans. Il n’avait plus de pain que pour deux mois, des légumes pour quarante jours ; la viande salée était en plus grande quantité,