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bois. La relâche avait aussi ses inconvéniens : on n’y découvrit ni cocotiers ni bananiers.

Il n’y avait pas long-temps que les naturels étaient venus en cet endroit ; car on trouva des figues bananes encore fraîches dans des cabanes, sur les bords d’une petite rivière éloignée d’un tiers de lieue du camp, et, tout auprès, une pirogue comme en dépôt. On voyait à côté les débris de plusieurs feux, de gros coquillages calcinés et des carcasses de têtes d’animaux que Commerson reconnut pour des têtes de sangliers. Un matelot, cherchant un jour des coquillages, trouva enterrée dans le sable une plaque de plomb sur laquelle on lisait des restes de mots anglais, qui attestaient le séjour d’un vaisseau de l’état. On y voyait encore les traces des clous qui avaient servi à attacher l’inscription, qui paraissait un peu ancienne. Les sauvages avaient sans doute arraché la plaque et l’avaient mise en morceaux.

On reconnut ensuite l’arbre auquel cette inscription avait été clouée. D’autres arbres sciés ou abattus à coups de hache, firent connaître le lieu où les Anglais avaient relâché ; et des indices manifestes donnèrent lieu de conclure qu’ils ne l’avaient pas quitté depuis plus de quatre mois. Bougainville se trompait, mais de peu de chose, sur l’époque véritable du séjour des Anglais en ce lieu : d’un autre côté, il rencontra juste en supposant que c’était le bâtiment de Carteret qui l’avait devancé en ce lieu.