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tirèrent en frappant tous ensemble sur leurs canots avec de grands cris. Ils poussèrent sans doute les hostilités à bord de l’Étoile ; car nous en vîmes tirer plusieurs coups de fusil qui les mirent en fuite.

» Le lendemain, il en vint un plus grand nombre, qui ne firent aucune difficulté d’accoster le bâtiment. Celui de leurs conducteurs qui paraissait être le chef portait un bâton long de deux ou trois pieds, peint en rouge, avec une pomme à chaque bout. Il l’éleva sur sa tête avec ses deux mains, en nous approchant, et il demeura quelque temps dans cette attitude. Tous ces nègres semblaient avoir fait une grande toilette ; les uns avaient la laine peinte en rouge, d’autres portaient des aigrettes de plume sur la tête, d’autres des pendans d’oreilles de certaines graines, ou de grandes plaques blanches et rondes pendues au cou ; quelques-uns avaient des anneaux passés dans les cartilages du nez ; mais une parure assez générale à tous était des bracelets faits avec la bouche d’une coquille sciée. Nous voulûmes lier commerce avec eux, pour les engager à nous apporter quelques rafraîchissemens. Leur mauvaise foi nous fit bientôt voir que nous n’y réussirions pas. Ils tâchaient de saisir ce qu’on leur proposait, et ne voulaient rien rendre en échange. À peine put-on tirer d’eux quelques racines d’ignames : on se lassa de leur donner, et ils se retirèrent. Deux canots voguaient vers la frégate : à l’entrée de la nuit, une fusée que