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fit des signes pour les engager à s’approcher, et on leur jeta un morceau d’étoffe bleue, attachée à un liége. Ils s’en saisirent avec empressement ; et l’un d’eux en tourna un bout autour de sa tête, en laissant pendre le reste sur ses épaules. Ils firent entendre par signes que dans le fond du port on trouverait de l’eau bonne à boire, et de quoi manger ; et ils répétèrent souvent les deux mots aoua, alaou.

Une troisième pirogue arriva montée par trois hommes. L’un d’eux, après avoir poussé un grand cri, qui sans doute était un cri de guerre, tira de son carquois de bambou une poignée de flèches ; et, en ajustant une à son arc, et se tenant debout sur l’avant de la pirogue, il menaçait de la décocher. On lui montra le pavillon blanc, et on lui fit passer, ainsi qu’à ses camarades, des bouteilles et des morceaux d’étoffe : ces présens parurent l’adoucir.

Au coucher du soleil, toutes les pirogues regagnèrent l’île sur laquelle on avait vu des naturels. On en était si près, que, de terre et du vaisseau, l’on entendait réciproquement tout ce qui se disait. Les Indiens y passèrent toute la nuit autour d’un grand feu. Ce qui parut fort singulier, c’est qu’ils imitaient parfaitement le sifflet du maître d’équipage, et répétaient mot pour mot et très-distinctement tout ce qu’ils entendaient dire à bord. À une heure après minuit, deux nouvelles pirogues parurent au clair de la lune, et firent plusieurs fois