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le tour du vaisseau, mais rien ne put les engager à s’en approcher.

Le 14, au lever du soleil, on porta une haussière à quarante brasses de distance, pour haler le vaisseau plus avant dans le port. Dès que les canots qui allongeaient cette touée furent un peu éloignés du bord, plusieurs pirogues s’en approchèrent. Les démonstrations d’amitié qu’on leur prodigua les enhardirent ; et lorsque les embarcations firent leur retour au vaisseau, les pirogues les suivirent. On en compta douze de différentes grandeurs, portant depuis un homme jusqu’à douze. Une seule, beaucoup plus grande, était montée de trente hommes ; c’était sans doute leur vaisseau amiral : elle avait cinquante-six pieds de long, sur trois pieds huit pouces de largeur. Les Indiens entrèrent dans les canots et les examinèrent fort attentivement, sans qu’on cherchât à les troubler. On était alors occupé à virer un cabestan, et on excitait les matelots par ces phrases usitées parmi les marins, pour soutenir le travail et y maintenir l’ensemble : les Indiens les répétaient toutes très-distinctement. On fit jouer un air de fifre, que le tambour accompagnait : ils écoutèrent cette musique avec une espèce de ravissement ; et bientôt, sortant de cette extase par un mouvement subit, ils se mettent à faire pirouetter leurs pirogues avec les signes de la plus vive allégresse, et font jaillir l’eau avec leurs pagaies, comme en cadence. Enfin un des Indiens qui étaient entrés