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dans les canots s’enhardit à monter à bord : il se promena sur le gaillard, examinant avec la plus grande attention tout ce qui se présentait à sa vue. Son exemple fut bientôt suivi : il monta successivement à bord plus de trente Indiens avec leurs armes. On fut obligé de contenir les autres, parce que, l’équipage ayant beaucoup de malades, le nombre des insulaires eût bientôt surpassé celui des matelots en bonne santé.

Quoiqu’on ne négligeât rien pour se concilier l’amitié de ces Indiens, on voyait cependant qu’on ne parvenait pas à détruire leur inquiétude ; leur contenance, leurs regards, leurs signes entre eux, tout annonçait la défiance. Au moindre mouvement qui se faisait sur le vaisseau, ils sautaient dans leurs pirogues, et même se jetaient à la mer. Ils avaient une adresse merveilleuse à dérober tout ce qu’ils pouvaient saisir, et ce n’était pas sans peine qu’on leur persuadait de le restituer. On reçut d’eux quelques petits présens, consistant en coquillages, et une espèce d’amande qui ressemble beaucoup à la badame. Un d’entre eux parut plus empressé que les autres d’être utile. Surville, dans la vue de se l’attacher et de s’en faire un ami, lui fit des présens distingués ; l’Indien donna à entendre qu’il indiquerait un endroit dans le fond du port où l’on trouverait des provisions, et où il serait facile de faire de l’eau.

Vers midi on arma deux canots pour visiter le port, chercher une aiguade, et tâcher de