Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/317

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connaître les ressources du pays. Labé, dont la prudence égalait la bravoure, commandait le détachement. On arma les matelots de sabres ; les soldats avaient des fusils, des pistolets et des munitions.

Les Indiens paraissaient impatiens de voir les canots quitter le vaisseau ; à peine eurent-ils débordé qu’ils furent suivis par toutes les pirogues. Une de ces embarcations semblait servir de guide aux autres ; c’était celle que montait l’Indien qui avait fait à Surville des offres de service. Sur l’arrière du bâtiment un insulaire debout, ayant dans ses mains des paquets d’herbe, les tenait élevés à la hauteur de sa tête, et faisait divers gestes en cadence. Dans le milieu de la même pirogue, un jeune homme debout aussi, et appuyé sur une longue lance, conservait la contenance la plus grave ; des paquets de fleurs rouges étaient passés dans ses oreilles et dans la cloison de son nez, et ses cheveux étaient poudrés de chaux à blanc. On remarqua pendant le trajet une extrême agitation parmi les Indiens, des allées et des venues d’une pirogue à l’autre, et de grands pourparlers. On ne donna qu’une faible attention à ces mouvemens, qui parurent l’effet naturel de l’étonnement que causait aux sauvages l’arrivée d’hommes nouveaux, et l’inquiétude de ce que ceux-ci voudraient entreprendre. Pendant le trajet, plusieurs pirogues se détachèrent de quelques-unes des îles qui forment le port, et se joignirent à celles qui étaient parties du vaisseau.