Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/318

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Les canots furent conduits dans un endroit du havre assez resserré, à l’entrée d’un canal étroit dont les deux bords étaient garnis de broussailles. Les naturels indiquèrent que l’on trouverait de l’eau douce au fond de ce canal. À l’inspection du canal, et après avoir sondé et reconnu qu’il ne restait pas plus de deux à trois pieds d’eau sur un fond de vase, Labé ne jugea pas qu’il fût prudent d’y engager ses canots, quelque instance que fissent les naturels pour l’y déterminer. Il se contenta de mettre à terre un caporal et quatre soldats pour aller à la découverte, et reconnaître la source que les sauvages indiquèrent. Le caporal revint bientôt, et rapporta qu’après être allé fort avant dans le bois, il n’avait trouvé qu’un marais dans lequel on enfonçait jusqu’à la ceinture. Labé commença dès lors à soupçonner quelque trahison de la part des sauvages, qui auraient voulu engager les canots dans le canal étroit où ils auraient eu toute facilité pour les attaquer à l’abri des broussailles. Toutefois il dissimula ses soupçons, et demanda aux Indiens de lui indiquer de l’eau bonne à boire. Ils parurent quelques momens se disputer entre eux, et firent signe à Labé de les suivre. Les pirogues et les canots se mirent en marche : on fit route vers l’est, le long d’une montagne couverte de bois, dont la mer baigne le pied ; on laissa à gauche un archipel d’îles et d îlots qui dérobaient la vue du vaisseau, dont on était éloigné de plus de trois lieues ; et