Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/319

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on mit à terre après avoir parcouru à peu près six milles. Plusieurs pirogues avaient devancé la flottille et débarqué leur monde. Le sergent fut détaché avec quatre soldats pour aller à la recherche de l’eau. Les insulaires les conduisirent à un endroit où l’eau découlait d’un rocher, mais en si petite quantité, qu’elle suffit à peine à les désaltérer ; leurs conducteurs les abandonnèrent là ; et ce fut avec beaucoup de difficulté qu’ils parvinrent, par des sentiers tortueux et remplis de broussailles, à regagner les canots. Pendant qu’on attendait le retour du détachement, les Indiens employèrent tous les moyens qu’ils purent pour engager Labé à échouer ses canots à terre, tantôt invitant les Français à y descendre pour y cueillir des cocos, tantôt se saisissant de la bosse ou de la gaffe d’un canot pour le haler à terre et l’amarrer à un arbre ; mais la prudence de cet officier, qui déconcerta pour le moment leur projet, ne put le garantir de la trahison que depuis long-temps ils méditaient.

Plus de deux cent cinquante insulaires, armés de lances de sept à huit pieds de longueur, d’épées ou de massues de bois, de flèches, de pierres, quelques-uns portant des boucliers, étaient rassemblés sur la plage, et observaient les mouvemens des canots. Lorsque les cinq hommes qui avaient formé le détachement mirent le pied à bord pour se rembarquer, les sauvages fondirent sur eux, blessèrent un soldat d’un coup de massue, le sergent d’un coup