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de lance, et plusieurs autres de différentes manières. Labé reçut deux flèches dans les cuisses, et une pierre à la jambe. On fit feu sur les traîtres. Une première décharge les étourdit au point qu’ils restèrent comme immobiles ; elle fut d’autant plus meurtrière, qu’étant réunis en peloton à une ou deux toises seulement des canots, tous les coups portèrent. Leur stupéfaction donna le temps d’en faire une seconde qui les mit en déroute ; mais la mort de leur chef contribua surtout à précipiter leur fuite. Labé l’ayant distingué séparé des combattans, levant les mains au ciel, se frappant la poitrine, et les encourageant de la voix, il l’ajusta et le renversa d’un coup de fusil. Ils traînèrent ou emportèrent leurs blessés, et laissèrent plus de trente morts sur le champ de bataille. Alors on débarqua, on rassembla celles de leurs armes qu’on trouva éparses ; on détruisit leurs pirogues, et on se contenta d’en emmener une à la remorque.

Surville était à la chasse sur une des îles de l’entrée du port lorsque les canots revinrent à bord ; il y retourna dès qu’il fut instruit de l’événement. Il aperçut sur un îlot six sauvages ; il espéra pouvoir les saisir à terre ; mais quoiqu’on en fût très-près, ils eurent l’adresse de lancer leurs pirogues à l’eau et de s’y embarquer. Les canots furent si bien dirigés, qu’on coupa le chemin aux Indiens : on fit feu sur eux ; un fut blessé, tomba à l’eau, gagna le rivage, et on le vit se traîner à quatre pa-