Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/321

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tes dans le bois ; les autres se jetèrent également à la nage, et il fut impossible d’en retrouver aucun. L’intention de Surville était d’en saisir un vivant pour se procurer un guide qui lui découvrît une aiguade : il voulait aussi donner à ces peuples une grande idée de la supériorité de ses forces, et les détourner de rien entreprendre contre lui, ce qu’ils auraient pu tenter avec succès, s’il leur eût été possible de connaître l’état de faiblesse dans lequel les maladies avaient réduit son équipage.

Peu de temps après on vit venir une pirogue conduite par deux hommes qui examinaient le vaisseau avec une grande attention. On employa pour les attirer un stratagème qui réussit. On fit embarquer deux matelots cafres dans une des pirogues qu’on avait saisies ; on les ajusta comme les naturels du pays, le corps nu, la tête poudrée à blanc ; et on les arma à la manière de ces sauvages, dont ils imitaient parfaitement les signes et les manières. La pirogue indienne, trompée par cet artifice, s’approcha du vaisseau aussi près que celle des Cafres ; on détacha deux canots pour lui donner chasse ; mais la célérité de sa marche la dérobant à la poursuite, on fut obligé de faire feu sur elle pour l’arrêter. Un des Indiens fut tué, et en tombant à la mer, il fit renverser la pirogue. Le second cherchait à gagner à la nage l’île la plus voisine ; on le joignit avant qu’il eût abordé ; il fit plusieurs fois le plongeon ; enfin on parvint à le saisir.