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C’était un jeune homme de quatorze à quinze ans. Il se défendit avec le plus grand courage, faisant quelquefois semblant de se mordre, mais mordant bien réellement ceux qui le tenaient. On lui lia les pieds et les mains ; et on le conduisit au vaisseau. Il y contrefit le mort pendant une heure ; mais lorsqu’on l’avait mis sur son séant, et qu’il se laissait retomber sur le pont, il avait grande attention que l’épaule portât avant la tête. Quand il fut las de jouer ce rôle, il ouvrit les yeux, et, voyant que l’équipage mangeait, il demanda du biscuit, en mangea de fort bon appétit, et fit divers signes très-expressifs. On eut soin de le lier et de le veiller, pour empêcher qu’il ne se jetât à la mer.

L’événement de la journée engagea Surville à se tenir la nuit sur ses gardes. À une heure on aperçut deux pirogues. L’une ne portait que deux hommes ; l’autre était montée de huit ou dix. On fit feu sur elles quand elles passèrent à portée du vaisseau. Les cris qui partirent de la plus grande firent juger que quelques sauvages avaient été blessés. Elles regagnèrent la terre en toute hâte.

Le 15 Surville se proposa de conduire le jeune prisonnier dans les îles voisines pour indiquer une aiguade. Il désigna d’abord celle de l’ouest ; mais, quand il fut dans le canot, il demanda par signes qu’on allât à une des îles orientales. Dès qu’on y eut abordé, on le fit descendre à terre, et on le conduisit en laisse,