Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans contrarier sa marche. Il prit un chemin assez long, et on s’aperçut que dans la route il avait trouvé le moyen de couper avec un morceau de coquille tranchante une partie de ses liens : on le veilla donc de plus près. Comme il fit signe qu’on n’était pas éloigné de l’eau douce, Surville le suivit encore quelque temps, quoiqu’il craignît qu’un événement imprévu ne favorisât sa fuite. Le jeune Indien ne trompait pas ; il conduisait en effet à une petite source ; mais un des soldats ayant trouvé un endroit plus propre à faire aiguade, on s’y arrêta. On ramena le jeune sauvage au bord de la mer ; lorsqu’il vit qu’on voulait le rembarquer, il se roula sur le rivage en poussant des hurlemens, et dans sa fureur il mordait le sable. On se hâta de le reconduire à bord, dans la crainte que ses cris ne fissent rassembler les insulaires des différentes parties du port, et qu’on ne fût obligé d’avoir recours, pour repousser l’attaque, aux mêmes moyens qu’on avait été forcé d’employer la veille pour punir la trahison.

La précaution que l’on prit de tirer sur toutes les pirogues qui se montraient, avant même qu’elles fussent à portée de la balle, assura la tranquillité des travailleurs ; et après avoir pratiqué un chemin pour rouler les barriques de l’aiguade à la mer, on fit assez commodément toute l’eau nécessaire pour l’approvisionnement du vaisseau. Cette île fournit aussi le bois dont on manquait. Un de ceux