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qu’on coupa parut propre à la teinture ; quand on le mettait à l’eau, il la colorait en rouge : on en fit bouillir l’écorce, et les morceaux de toile de coton qu’on trempa dans cette décoction prirent une couleur rouge assez agréable. On abattit aussi des arbres pour faire des esparres, et d’autres qu’on jugea propres à servir pour faire des poulies.

Après tous les actes d’hostilités qui avaient eu lieu, il fut impossible à Surville de tirer autre chose de ce pays que des choux palmistes. On ramassa sur les récifs, sur les roches et sur les mangliers, de très-bonnes huîtres et d’autres coquillages ; mais la qualité du fond ne permit pas de tirer la seine pour procurer du poisson frais à l’équipage.

Les pluies abondantes qui tombèrent pendant le séjour du Saint-Jean-Baptiste dans ce port augmentèrent le nombre des malades ; trois moururent avant qu’on l’eût quitté. Le sergent qui avait été blessé d’un coup de lance succomba aussi. Les violentes douleurs qu’il éprouvait avaient fait soupçonner au chirurgien qu’un corps étranger était resté dans la blessure ; mais elle paraissait si légère, qu’il ne put s’en assurer avec la sonde. Il l’ouvrit après sa mort, et trouva un morceau de lance de six pouces de long qui avait pénétré avec tant de force et si avant dans une vertèbre, qu’on employa sans succès des tenailles pour le retirer, et pour parvenir à l’extraire, il fallut casser l’os avec un ciseau et un marteau. Les autres