Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande terre qui paraissait être une île. Quand on fut devant les trois Soeurs, on apercevait au delà, dans le sud-ouest, d’autres terres ; mais comme on ne distinguait plus la pointe qui la veille avait été relevée à l’ouest, et qu’on n’en découvrait aucune dans l’ouest des trois Sœurs, on jugea qu’entre les terres qu’on apercevait au delà de ces îles et les terres qu’on avait vues la veille, il devait y avoir ou un grand renfoncement, ou un grand passage. La crainte de s’enfoncer dans quelque golfe d’où l’on se relèverait difficilement avec des vents constans de la partie de l’est, ou de s’engager dans quelque archipel, détermina Snrville à continuer sa route au sud-est, dans l’espérance qu’il parviendrait enfin à l’extrémité de ces terres ou îles qu’il avait déjà prolongées sur une étendue de cent vingt lieues.

Dans l’après-midi on découvrit une quatrième île, qui fut nommée île du Golfe. Le temps était à grains, la mer fort houleuse, et le vaisseau, maîtrisé par des lames pendant le calme, se trouva affalé sur les terres situées dans le sud-est des trois Sœurs, dont on cherchait à doubler la pointe la plus orientale où l’on espérait qu’elles se termineraient. Heureusement les vents portaient au sud-est dans cette partie. Plusieurs pirogues vinrent rôder autour du vaisseau ; elles étaient montées par des hommes semblables à ceux de l’île des Contrariétés. On leur fit inutilement des signes d’amitié pour les engager à venir à bord.