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On jugea qu’à partir du cap de Surville, la côte méridionale des dernières terres doit tourner brusquement vers le sud-ouest ; car, en continuant la route du sud-est, on les eut bientôt perdues de vue. Le 7, à neuf heures du matin, l’on ne vit plus aucune terre.

Surville et ses officiers, qui nous ont laissé les journaux de ce voyage, s’accordent à penser que la vaste étendue de côtes à la vue desquelles ils ont navigué n’appartient pas à un continent, mais qu’elle est partagée en un grand nombre d’îles, principalement dans la partie orientale, et que les grandes îles de cet archipel sont entourées d’autres plus petites. Leur opinion fut confirmée dans la suite par le témoignage du jeune Lova-Sarega ; il assura, quand on put s’en faire entendre, que de l’autre côté de son pays on trouve une mer sans fond.

On ne peut que regretter que la contrariété des vents n’ait pas permis à Surville de reconnaître plus en détail les terres qu’il avait découvertes ; mais s’il eût été en son pouvoir de vaincre cet obstacle, la prudence et l’humanité lui auraient toujours imposé l’obligation de ne pas prolonger son séjour sur une côte où le caractère féroce des habitans ne lui laissait aucun espoir de se procurer des rafraîchissemens qui pouvaient seuls arrêter les progrès d’une maladie dont les ravages devaient le mettre bientôt hors d’état de continuer sa navigation. Depuis son départ du port Praslin, en seize