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elles accostèrent le vaisseau. Les Indiens donnèrent une quantité prodigieuse de poissons en échange de petits morceaux de toile dont ils couvrirent leurs épaules. Le chef de ces insulaires ayant témoigné le désir de venir à bord, on lui fit signe d’y monter : Surville le reçut en l’embrassant. Il était vêtu d’une pelisse de peau de chien, que l’on voulut examiner. Aussitôt, s’imaginant qu’on en avait envie, il l’offrit ; mais on ne l’accepta pas, et on le fit passer dans la chambre. Surville lui donna une veste et une culotte rouge ; il mit la veste et garda la culotte sous son bras. En reconnaissance, il donna sa pelisse à Surville. Ceux qui l’avaient accompagné, ne le voyant pas reparaître au bout d’un certain temps, montrèrent de l’inquiétude : comme elle fut suivie d’une certaine rumeur, il se fit voir, et l’on comprit à ses gestes qu’il leur annonçait que sa personne était en sûreté. Alors plusieurs Indiens montèrent à bord, et s’emparèrent de tout ce qui se trouva sous leurs mains. Bientôt ils quittèrent le vaisseau, ayant chacun sur l’épaule une chemise, ou au moins un morceau de toile.

Le Saint-Jean-Baptiste avait perdu soixante hommes depuis le départ du port Praslin ; le scorbut attaquait tout le reste. Encore quelques jours de plus sans voir la terre, et le vaisseau, à moins d’un miracle, n’eût pas pu quitter ces parages. Le 18 décembre Surville descendit à terre. Le chef d’un village situé au fond de l’anse vint au-devant de lui sur le