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bord du rivage. Les insulaires, épars de côté et d’autre, tenaient à la main des peaux de chien et des paquets d’herbe qu’ils haussaient et baissaient alternativement, dans l’intention sans doute de lui rendre hommage. C’est ainsi que se passa en espèces de salutations la première entrevue. Le jour suivant, la réception fut bien différente. Les Indiens étaient réunis en troupe et armés. Le chef était venu dans sa pirogue au-devant de Surville pour l’engager par signes à l’attendre sur la plage, parce que les insulaires étaient sans doute dans de vives alarmes de voir descendre à terre une grande partie de l’équipage.

Surville se conforma aux désirs du chef, qui, après l’avoir salué, lui fit entendre qu’il allait parler à ses compagnons. Cette conférence achevée, il revint à Surville, et lui demanda son fusil, dont il ne connaissait que le bruit. Surville ne jugea pas à propos de le lui confier. Ce refus ne parut pas produire une impression fâcheuse sur l’esprit du chef ; sans se rebuter du peu de succès de sa première demande, il pria Surville de lui prêter son épée pour la montrer aux gens de son village. Surville pensa qu’il pouvait sans inconvénient lui accorder ce qu’il souhaitait. Le chef, satisfait, accourut montrer l’épée aux insulaires, qui paraissaient attendre avec inquiétude le dénoûment de cette entrevue. Le chef leur parla à haute voix et avec chaleur. Dès ce moment ils parurent tranquillisés, et il s’établit entre eux