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tement qu’on lui préparait lorsqu’il accourut an signal que Surville lui faisait de s’approcher. Cet infortuné n’eut pas plus tôt reconnu le chirurgien, qu’il se jeta à ses pieds, les larmes aux yeux, en le priant sans doute d’intercéder en sa faveur, et de le protéger ; car il croyait qu’on voulait le dévorer. Le chirurgien le rassura, en lui faisant entendre qu’on n’en voulait pas à ses jours. Naginoui le serrait dans ses bras et lui montrait sa terre natale qu’on le forçait d’abandonner. Surville, instruit du service éminent que Naginoui avait rendu à ses matelots, eut la cruauté de ne pas le renvoyer à terre. Il continua sa route à l’est. Lorsqu’il se vit à peu près dans les parages de l’île dont la recherche était, disait-on, l’objet principal de son voyage, il se tint dans la latitude de 27 à 28° sud ; mais les vents d’est ne lui permirent pas de suivre long-temps ce parallèle.

Toute idée de découvertes dut donc s’évanouir. Les faibles secours qu’on s’était procurés à la Nouvelle-Zélande avaient un peu diminué les progrès du scorbut, mais n’en avaient pas tari la source. Il commença de nouveau ses ravages : depuis plusieurs jours on était réduit à une chopine par homme. Le conseil assemblé décida unanimement de gagner le plus tôt possible un port de la côte du Pérou pour arracher à la mort les malheureux restes d’un équipage, qui, à peine avec le secours de ses officiers, pouvait suffire à manœuvrer les voiles.