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Ainsi finit un voyage dont une suite de malheurs avait contrarié l’objet. Les délais interminables des douanes et des formalités espagnoles retinrent le vaisseau devant Lima pendant trois années. Dans cet intervalle, dix-neuf hommes moururent, vingt-cinq autres désertèrent. Soixante-trois Espagnols obtinrent du vice-roi la permission de remplacer une partie de l’équipage, et avec ce renfort, Labé, qui avait appareillé du Callao, le 7 avril 1773, arriva le 24 août suivant, au port de Lorient.

On a vu précédemment que Bougainville s’était occupé des moyens de renvoyer Aotourou parmi les siens, et que le ministère français avait ordonné au gouverneur et à l’intendant de l’Île-de-France d’embarquer ce Taïtien sur un navire armé exprès pour le reconduire dans son île. Marion du Fresne, capitaine de brûlot, saisit avec ardeur cette occasion de se distinguer par un voyage qui lui procurait l’occasion de faire des découvertes. Il offrit donc à l’administration de la colonie de transporter Aotourou à ses frais à Taïti, demandant que l’on joignît une flûte du roi à un bâtiment qui lui appartenait, et s’offrant de supporter seul toutes les dépenses de l’expédition. On accorda sa demande et les avances nécessaires pour l’armement, et il donna des sûretés pour leur recouvrement.

D’après les instructions qui lui furent remises, il devait d’abord aller à Madagascar, pour