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cascade qui se précipitait du haut des montagnes. En doublant un cap on découvrit trois îlots. L’île parut avoir sept à huit lieues de circonférence, elle était absolument aride. On la nomma île de la Caverne.

La mer continuait à être très-houleuse. Les deux vaisseaux s’étant abordés, et ayant fracassé, l’un son mât d’artimon et de beaupré, l’autre tout son arrière, il fallut les réparer, ce qui prit trois jours. L’on ne pouvait plus, dans l’état où était le Castries, s’avancer davantage au sud ; il était très-probable que l’on ne tarderait pas à y rencontrer une mer embarrassée de glaces. On continua donc à faire route à l’est, en suivant le quarante-sixième parallèle. Le 22 janvier on vit de nouvelles terres qui furent nommées les îles Froides. Le 24 une autre terre très-haute, couverte de neige, fut appelée île Aride, et une île voisine où l’on descendit fut nommée île de Possession, parce qu’on y enterra une bouteille qui contenait l’acte par lequel on soumettait à la souveraineté du roi de France cette terre embrumée, rocailleuse et neigeuse, où il ne croissait pas le plus petit arbrisseau. Elle gît par 45° 50′ sud, et 43° à l’est de Paris. Exposée aux ravages continuels des vents orageux de l’ouest, elle n’est habitée que par des phoques, des manchots, des goëlands et des pétrels. Ces animaux, qui n’avaient jamais été troublés dans leurs affreux déserts, n’étaient nullement effrayés à la vue des hommes.