Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/348

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En partant de cette île on éprouva des brouillards si épais et si continus, que les deux vaisseaux étaient obligés de tirer fréquemment des coups de canon pour se conserver l’un près de l’autre. Enfin, arrivé le 10 février à 91° de longitude orientale, Marion fit route vers la pointe méridionale de la Nouvelle-Hollande. Il en eut connaissance le 3 mars, et alla mouiller dans la baie de Frédéric Henri, découverte par Tasman.

On descendit à terre sans éprouver aucune opposition de la part des naturels. Ils ramassèrent du bois, en firent une espèce de bûcher, et invitèrent les Français à y mettre le feu. L’officier qui commandait le détachement accéda à cette demande. Les naturels ne parurent pas surpris, et restèrent tranquillement auprès du bûcher, entourés de leurs femmes et de leurs enfans. Les hommes étaient armés de bâtons pointus et garnis de pierres tranchantes en forme de haches ; les femmes portaient leurs enfans sur le dos, au moyen de cordes de jonc. Tous, hommes et femmes, étaient absolument nus ; leur taille était moyenne. Leurs cheveux, laineux comme ceux des Cafres, noués par pelotons, et poudrés avec de l’ocre très-rouge, contribuaient avec leurs petits yeux jaunâtres, leur bouche très-fendue, et leur nez écrasé, à leur donner une figure hideuse. Quelques-uns avaient l’estomac tatoué. Leur poitrine est large, leurs épaules sont effacées. Leur taille est d’autant plus svelte qu’ils sont géné-