Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/349

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ralement maigres. Leur langage est très-dur ; ils semblent tirer les sons du fond du gosier.

On essaya de gagner leur bienveillance par de petits présens ; mais ils rejetèrent avec dédain tout ce qu’on leur proposa, même le fer, les miroirs, les mouchoirs et la toile. On leur montra des canards et des poules qu’on avait apportés du vaisseau, pour leur faire entendre qu’on désirait en acheter. Ils prirent ces oiseaux, qu’ils témoignèrent ne pas connaître, et les jetèrent avec un air de colère.

Sur ces entrefaites Marion débarqua. Un sauvage se détacha de la troupe, et vint lui offrir un petit brandon de feu pour allumer un petit bûcher. Marion fit, comme avait fait l’officier, persuadé que cette cérémonie avait pour but de prouver ses intentions pacifiques ; il mit le feu au bûcher ; l’événement prouva au contraire que c’était accepter un défi pour la guerre, car dès que le feu fut allumé les sauvages se retirèrent sur un monticule, d’où ils lancèrent une grêle de pierres. Le capitaine et un autre officier furent blessés. On répondit à cette agression par des coups de fusil, et tout le monde se rembarqua. Les embarcations côtoyèrent la baie pour trouver un endroit découvert et uni où l’on pût descendre à terre sans être inquiété par les sauvages placés sur des hauteurs. Alors ils envoyèrent leurs femmes et leurs enfans dans les bois, et suivirent les canots le long du rivage. Lorsque Marion voulut débarquer, un sauvage jeta un cri effroyable ; aussitôt toute