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la troupe lança ses bâtons et ses javelots. Un nègre blessé à la jambe par un de ces bâtons pointus fut guéri en peu de jours, ce qui prouva que l’arme n’était pas empoisonnée. On vengea cette attaque par une fusillade qui en blessa plusieurs et en tua un. Ils s’enfuirent aussitôt dans les bois en faisant des hurlemens affreux, et emportant leurs blessés. Un détachement de quinze hommes les poursuivit, et prit à l’entrée du bois un de ces sauvages qui avait reçu une blessure mortelle. On lava son corps, et on reconnut que leur peau, naturellement rouge, ne paraissait noire que par la crasse et la fumée dont elle est couverte.

Marion expédia ensuite deux détachemens bien armés pour chercher de l’eau douce et des arbres propres à remâter le Castries. Cette recherche fut sans succès ; les détachemens parcoururent deux lieues sans rencontrer ni eau douce, ni arbres convenables pour des mâts ni habitans. On resta six jours dans cette baie à continuer des recherches inutiles. La terre y est sablonneuse comme au cap de Bonne-Espérance, couverte de bruyères et d’arbrisseaux. La plupart étaient dépouillés de leur écorce par les sauvages, qui s’en servent pour faire cuire les coquillages dont ils se nourrissent. On voyait partout des traces de feu ; le sol paraissait couvert de cendres. Un pin un peu moins haut que ceux de France avait seul été ménagé par les sauvages, qui apparemment en tirent quelque utilité. Sans doute cette espèce d’arbres