Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/356

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lité de leurs filles, faisaient des courses dans l’intérieur, allaient à la chasse, et quelquefois même s’écartaient si loin, qu’ils parvenaient chez des peuplades différentes. Ils y virent des villages plus considérables que ceux du voisinage du port, et des hommes plus blancs, qui les reçurent fort bien. Ils menaient dans ces excursions des insulaires, qui, au passage des marais et des ruisseaux, les portaient sur leurs épaules avec la même facilité qu’un homme porterait un enfant. Enfin la confiance parvint à un tel degré, que les Français traversaient de nuit les forêts, sans autre escorte que celle des insulaires. Marion ordonna même de désarmer les chaloupes et les canots lorsqu’ils iraient à terre.

Crozet ne partageait pas la confiance de Marion. « Je fis, dit-il, tout ce qui dépendait de moi pour faire rétracter cet ordre : je ne pouvais oublier la triste aventure de Tasman dans la baie des Assassins. Cependant j’ignorais que Cook eût trouvé des anthropophages dans cette île, et qu’il avait failli à être tué dans le port même où nous étions mouillés. Maintenant que j’y réfléchis, il me semble bien étonnant que ces insulaires qui, l’année précédente, avaient vu un vaisseau français et un vaisseau anglais qui avaient traité avec eux, ne nous aient rien laissé voir des objets qu’ils avaient sans doute reçus des Européens, et ne nous aient pas donné à comprendre qu’ils avaient vu d’autres navires que les nôtres. Il est vrai que les effets