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que nous leur donnions. tous les jours ne reparaissaient plus. »

Marion, parvenu à la plus grande sécurité, faisait son bonheur de vivre avec ces sauvages. Il les comblait de marques de bienveillance : à l’aide du Vocabulaire de Taïti, il tâchait de s’en faire comprendre. De leur côté, ils le connaissaient parfaitement pour le chef des deux vaisseaux. Ils savaient qu’il aimait le turbot : tous les jours ils lui en apportaient de fort beaux. Dès qu’il avait l’air de désirer quelque chose, ils s’empressaient d’aller au-devant de ce qui pouvait lui être agréable. Lorsqu’il allait à terre, on l’accompagnait avec des démonstrations de joie ; les femmes, les filles, les enfans même venaient lui faire des caresses : tous l’appelaient par son nom.

Tacoury, chef du plus grand des villages de la baie, était sans cesse avec les Français, qui le comblaient à l’envi de marques d’amitié, et de présens. Il avait amené sur le Mascarin son fils, âgé d’environ quatorze ans, qu’il paraissait aimer beaucoup, et l’avait laissé passer la nuit sur le vaisseau. C’était un jeune homme beau, bien fait, d’une physionomie douce et toujours riante.

Trois esclaves de Marion avaient déserté dans une pirogue, qui submergea en arrivant à terre. Tacoury fit arrêter ceux qui ne s’étaient pas noyés. Un sauvage était entré un jour par le sabord de la sainte-barbe, et avait volé un sabre. On s’en aperçut : on le fit monter