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à bord. On le dénonça à Tacoury, qui le réprimanda fortement, et demanda qu’on le mît aux fers : on le renvoya sans correction.

« Nous étions si familiers avec ces hommes, dit Crozet, que presque tous les officiers avaient parmi eux des amis particuliers qui les servaient et les accompagnaient partout. Si nous étions partis à cette époque, nous eussions rapporté en Europe l’idée la plus avantageuse de ces insulaires ; nous les eussions peints dans nos relations comme le peuple le plus affable, le plus humain, le plus hospitalier qui existe sur la terre. D’après nos relations, les philosophes panégyristes de l’homme de la nature eussent triomphé de voir leurs spéculations confirmées par les récits des voyageurs, qu’ils eussent prônés comme très-dignes de foi. Nous eussions été les uns et les autres dans l’erreur. »

Le 8 juin Marion descendit à terre, et y fut reçu avec des démonstrations de joie et d’amitié encore plus vives qu’à l’ordinaire. On lui plaça sur le sommet de la tête les quatre plumes blanches qui distinguent un chef ; on lui en accordait le rang. Il revint au vaisseau plus content que jamais de ces bons sauvages.

« Le même jour, le fils de Tacoury, qui venait me voir tous les jours, dit Crozet, et me témoignait beaucoup d’attachement, m’apporta en présent des armes, des outils et des ornemens d’un très-beau jade, que j’avais paru désirer. Il avait, contre son ordinaire, l’air