Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/359

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triste. Il refusa tout ce que je lai offris en échange de ses jades : je voulais les lui faire reprendre, il n’y consentit pas ; il refusa de manger ; enfin il s’en alla fort triste : je ne l’ai pas revu. D’autres insulaires, amis de nos officiers, accoutumés à les venir visiter tous les jours, disparurent de même. Nous ne fîmes pas assez d’attention à cette singularité. Habitués depuis trente-trois jours à vivre dans la meilleure intelligence avec ces sauvages, nous ne pouvions pas les soupçonner d’intentions perfides.

» Enfin, le 12 juin, à deux heures après midi, Marion descendit à terre, emmenant avec lui deux jeunes officiers, un volontaire, le capitaine d’armes, et douze matelots. Tacoury, un autre chef et cinq insulaires accompagnaient Marion. On devait donner quelques coups de filet au pied du village de Tacoury, et manger des huîtres. Le soir, Marion, contre son ordinaire, ne revint pas coucher à bord. On n’en fut pas inquiet. On supposa qu’il était resté à terre afin d’être plus à portée le lendemain d’aller visiter dans l’intérieur l’atelier où l’on travaillait à la mâture du Castries, qui était fort avancée. »

Le 13, à cinq heures du matin, le Castries avait envoyé sa chaloupe faire du bois et de l’eau pour sa consommation journalière. À neuf heures, Duclesmeur, capitaine de ce bâtiment, aperçut un homme qui nageait vers les vaisseaux. Aussitôt il dépêcha un canot qui