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amena cet homme à bord. C’était Yves Thomas, un des matelots qui étaient partis le matin. Il raconta que la chaloupe ayant abordé le rivage à sept heures, les insulaires s’étaient présentés sans armes pour porter, suivant leur usage, ceux qui avaient craint de se mouiller, et avaient donné les mêmes marques d’amitié qu’à l’ordinaire. Cependant les matelots s’étaient séparés pour ramasser la provision de bois ; alors les sauvages, armés de casse-têtes, de massues et de lances, s’étaient jetés par troupes de huit à dix sur chacun de ces malheureux, et les avaient massacrés. Thomas, n’étant attaqué que par deux sauvages, s’était d’abord défendu et avait reçu deux coups de lance ; ensuite, voyant venir à lui d’autres insulaires, et se trouvant près du bord de la mer, il s’était caché dans les broussailles. Il avait vu de là tuer tous ses camarades ; les sauvages les avaient ensuite dépouillés, leur avaient ouvert le ventre et commençaient à les hacher en morceaux lorsqu’il avait pris le parti de se mettre à la nage pour gagner un des vaisseaux.

Après un rapport si affreux, on ne douta plus que Marion et les seize hommes qui l’accompagnaient n’eussent éprouvé le même sort que les onze matelots de la chaloupe. Duclesmeur assembla les officiers des deux vaisseaux, et, de concert avec eux, prit les mesures nécessaires pour sauver les trois postes que l’on avait à terre.

Une chaloupe armée, expédiée du Mas-