Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/362

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jamais pu sortir de la Nouvelle-Zélande. Il fallait d’ailleurs mettre encore en sûreté le poste des malades.

On marcha ainsi près de deux lieues. Quand on fut arrivé sur le rivage, les insulaires serrèrent les Français de plus près. Crozet fit embarquer les premiers les matelots chargés d’outils, puis s’adressant à un chef de sauvages, il planta un piquet en terre, à dix pas de lui, et lui fit entendre que, si un seul insulaire passait la ligne de ce piquet, il serait tué à l’instant ; en même temps il lui ordonna, d’un ton menaçant, de s’asseoir ainsi que tous ceux qui l’accompagnaient. Quoiqu’ils fussent au nombre de mille, cet ordre fut docilement exécuté. Crozet s’embarqua le dernier ; alors les sauvages se levèrent tous ensemble, jetèrent le cri de guerre et lancèrent des javelots qui ne blessèrent personne. Crozet ne voulait pas qu’on tirât sur ces forcenés ; mais comme ils entraient dans l’eau pour venir attaquer la chaloupe, il devenait nécessaire de leur faire connaître la supériorité des armes des Européens. On tira sur les chefs qui paraissaient les plus animés ; chaque coup abattit un de ces malheureux. La fusillade continua ainsi pendant quelques minutes. Les sauvages voyaient tomber leurs camarades avec une stupidité incroyable. Ils ne concevaient pas comment des armes qui ne les touchaient point, comme leurs casse-têtes et leurs massues, pouvaient les tuer. À chaque coup de fusil, ils s’agitaient