Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/363

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horriblement sans changer de place. On les eût détruits jusqu’au dernier, si l’on eût voulu continuer la fusillade. « Après en avoir fait tuer malgré moi beaucoup trop, dit Crozet, je fis ramer vers le vaisseau, et les sauvages ne cessèrent pas de crier sans bouger de place. »

Les malades qui étaient sur l’île Moutouaro furent ramenés à bord sans accident. On laissa sur l’île un détachement pour garder la forge. Les sauvages rôdèrent toute la nuit aux environs. Le 14 on y envoya un second détachement. Les sauvages qui habitaient un village aux environs du poste, et qui jusqu’alors avaient paru tranquilles, s’avancèrent vers les Français en leur faisant des menaces et les défiant au combat. On marcha contre eux la baïonnette au bout du fusil ; ils s’enfuirent dans leur village, on les y poursuivit, tous furent tués ou culbutés dans la mer. On resta ainsi maître de l’île, et l’on acheva la provision de bois et d’eau. On eut plusieurs alertes qui ne servirent qu’à faire tuer les sauvages qui les donnaient. Quelques-uns étaient vêtus des habillemens des officiers et des matelots qu’ils avaient égorgés.

Cependant, comme on n’avait pas de certitude sur le sort de Marion et des hommes qui l’avaient suivi, Duclesmeur voulut s’en éclaircir, et en conséquence, il expédia la chaloupe avec un fort détachement au village de Tacoury. À son approche, les insulaires décampèrent. Les traîtres sont lâches dans tous les pays au monde ; on vit de loin Tacoury, qui s’enfuyait