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avec le manteau de Marion sur ses épaules. On ne trouva dans le village que des vieillards qui n’avaient pu suivre leurs camarades et qui étaient assis tranquillement à la porte de leurs maisons. On voulut les arrêter ; l’un d’eux, sans avoir l’air de beaucoup s’émouvoir, frappa un soldat d’un javelot ; on le tua. On ne fit aucun mal aux autres, qu’on laissa dans le village.

On fouilla ensuite toutes les maisons ; on trouva dans la cuisine de Tacoury une partie de la tête d’un homme, cuite depuis plusieurs jours ; on voyait sur les parties charnues l’impression des dents des anthropophages ; une cuisse humaine tenait à une broche de bois ; elle était aux trois quarts mangée. Dans une autre maison, on aperçut le corps d’une chemise que l’on reconnut pour celle de Marion. Le col en était tout ensanglanté ; on remarquait également sur les côtés quatre trous tachés de sang ; enfin, dans d’autres maisons, on rencontra des vêtemens et des armes des malheureux qui avaient été massacrés.

Après avoir rassemblé toutes les preuves de l’assassinat de Marion et de ses compagnons, on mit le feu au village. Dans le même instant on s’aperçut que les insulaires évacuaient un village voisin beaucoup mieux fortifié que les autres. On alla le visiter, on y trouva aussi des lambeaux de hardes de matelots français, et des effets provenant des embarcations. On réduisit encore ce village en cendres ; ensuite on poussa à l’eau deux pirogues de guerre d’en-