Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/50

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tinuèrent à s’avancer en décochant toujours leurs flèches par pelotons, de façon que leur bordée était perpétuelle ; que le grapin étant engagé dans des rochers, il n’avait pu démarrer le canot que fort lentement, et que pendant cet intervalle, lui et la moitié de l’équipage avaient été blessés dangereusement ; qu’enfin ils coupèrent l’amarre, et s’enfuirent faisant feu avec leurs gros mousquetons chargés chacun de huit ou dix balles de pistolet ; que les Indiens les poursuivirent avec leurs arcs, et que quelques-uns se mirent pour cela dans l’eau jusqu’à la poitrine ; que, quand ils se furent débarrassés de ceux-ci, les pirogues les poursuivirent avec beaucoup de courage et de vigueur, jusqu’à ce qu’une d’elles fût coulée à fond, ainsi que les hommes qu’elle avait à bord ; que, le reste étant fort diminué par le feu de la mousqueterie, ils s’en retournèrent enfin à terre.

» C’est ainsi que l’histoire nous fut racontée par le maître, qui mourut quelque temps après avec trois de mes meilleurs matelots, des blessures qu’ils avaient reçues. Quelque coupable qu’il fût par sa propre confession, il nous parut que le témoignage de ceux qui lui survécurent le rendait encore plus criminel. Ils nous assurèrent que les insulaires lui avaient prodigué les plus grandes marques de confiance et d’amitié, mais qu’il leur donna une juste cause d’offense en ordonnant à ses gens, au sortir d’un repas qu’ils venaient de recevoir des na-