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des cocos et pêcher à la seine. On ne prit pas de poissons, mais on rapporta cent cinquante cocos qui furent distribués à l’équipage.

Lorsque l’on voulut lever l’ancre pour gagner un des havres découverts par le premier canot, les forces réunies de l’équipage ne purent en venir à bout. « C’était une preuve bien affligeante de notre faiblesse, s’écrie Carteret ; en employant de nouveaux moyens et nos derniers efforts, nous dégageâmes l’ancre du fond ; mais le vaisseau s’étant rapproché de la côte, elle reprit presqu’au même instant sur un fond de roche. Il fallut recommencer notre travail ; tous les hommes qui étaient valides réunirent leurs forces pendant le reste du jour sans pouvoir rien effectuer. Nous n’étions pas disposés à couper le câble, quoiqu’il fût fort usé, car cette perte eût été difficile à supporter. Le lendemain nous fûmes plus heureux ; mais l’ancre était si endommagée, qu’elle nous devenait désormais inutile ; une des pates était rompue. »

Carteret étant ensuite allé mouiller dans une anse qu’il appela Baie anglaise, y fit du bois et de l’eau ; mais son équipage ne put prendre de poissons, quoiqu’ils y fussent en abondance ; ils ne se laissaient pas envelopper par la seine et ne mordaient pas à l’hameçon. Carteret se demande si c’est parce que l’eau était claire et le rivage rempli de rochers, ou parce que ses matelots étaient maladroits. On ne fut pas plus heureux pour les tortues. « Nous étions, s’écrie-t-il, condamnés au supplice de