Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/103

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tres insulaires d’un rang distingué de ne jamais se marier avec les teouteous, ou dans les classes inférieures à la leur. Ce préjugé est probablement une des grandes causes qui produisent les sociétés appelées arrêoïs. Il est sûr que ces sociétés empêchent beaucoup l’accroissement des classes supérieures, dont elles sont uniquement composées ; car je n’ai jamais ouï dire qu’un teouteou fût arréoï, ni qu’il pût sortir de la classe dans laquelle il est né.

« J’ai déjà eu occasion de parler de la passion extraordinaire des Taïtiens pour les plumes rouges : ils les nomment oura ; celles qu’ils appellent ouraouinè, et qui croissent sur la tête d’un perroquet vert, sont aussi précieuses à leurs yeux que les diamants le sont en Europe. Ils mettent un grand prix à toutes les plumes rouges, et notamment à celles-ci ; ils savent très-bien distinguer les unes des autres. Plusieurs de nos matelots essayèrent de les tromper en teignant d’autres plumes ; mais leur fourberie ne put réussir. Ils en forment des panaches de huit ou dix, et ils les attachent à l’extrémité d’une petite corde d’environ trois pouces de long, faites de grosses fibres extérieures du coco, et si bien tordue, qu’elle est ferme comme un fil d’archal, et sert de queue au panache. Ils les emploient comme des symboles des éatouas ou des divinités, dans toutes leurs cérémonies religieuses. Je les ai vus souvent tenir un de ces panaches, et quelquefois deux ou trois plumes seulement entre l’index et