Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/104

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le pouce, et réciter une prière dont je ne comprenais pas un mot. Les navigateurs qui aborderont désormais à cette île doivent se pourvoir de plumes rouges : les plus fines et les plus petites seront les meilleures. Ils doivent aussi y apporter une provision considérable de grosses et de petites haches, de clous, de limes, de couteaux, de miroirs, de verroterie, etc. Les draps de lit et les chemises auront du débit, surtout parmi les femmes, comme l’expérience l’a appris à plusieurs de nos messieurs.

» Les deux chèvres que le capitaine Furneaux donna au roi O-tou, lors de notre dernière relâche, semblaient devoir perpétuer leur race. La chèvre avait déjà fait deux petits, devenus si gros, que bientôt ils allaient engendrer, et elle était pleine pour la seconde fois. Les Taïtiens paraissaient aimer passionnément ces animaux, qui, étant fort bien nourris, s’accoutumaient au climat. On peut espérer que, dans quelques années, ces quadrupèdes se propageront jusque dans les îles voisines, et qu’ainsi ils rempliront peu à peu toutes les terres du grand Océan. Les moutons que nous y avions laissés étaient morts, excepté un qui, à ce que nous comprîmes, vivait encore. Nous y avons déposé en outre vingt chats, indépendamment de ceux qui avaient été laissés à Ouliétéa et à Houaheiné.

» Un vent frais, dit Forster, nous éloignait de Taïti : nous ne cessions de contempler cette île charmante, lorsqu’un autre spectacle attira nos