Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amis à son retour formait le dénoûment, qui n’était guère favorable à la pauvre Taïtienne. Ces peuples, dans l’occasion, composent sur-le-champ de petites pièces qu’ils ajoutent aux grandes. N’est-il pas raisonnable de supposer qu’ils punissaient cette fille par une satire, afin de décourager celles qui voudraient imiter son exemple ?

» Il faut observer que les plumes rouges n’ayant point ici de valeur intrinsèque, c’est une nouvelle preuve de l’opulence et du luxe des Taïtiens, qui les achètent avec tant d’empressement. Cette différence provient de l’extrême fertilité de Taïti, comparée à celle d’Houaheiné, où la plaine qui sert de ceinture aux collines est si étroite et si peu considérable, que les naturels sont obligés de cultiver les hauteurs.

» Comblés des bons traitement de ce peuple, nous nous en séparâmes le 23 mai 1774. Le bon vieux chef fut le dernier insulaire qui quitta le vaisseau. En partant, je lui dis que nous ne le reverrions plus ; il se mit à pleurer, et répondit : Laissez venir ici vos enfans, et nous les traiterons bien.

» Dès que nous eûmes débouqué du havre, je fis voile, et je portai le cap sur l’extrémité méridionale d’Ouliétéa. Le 25 nous arrivâmes devant le canal, où le vaisseau pénétra à toutes voiles le plus qu’il fut possible. Le chef Oréo, mon vieil ami, et plusieurs autres, vinrent nous voir : ils ne manquèrent pas de nous apporter