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des présens. Le lendemain j’allai à terre avec les officiers lui rendre sa visite et lui offrir les présens accoutumés. En entrant dans sa maison, nous fûmes reçus par quatre ou cinq vieilles femmes qui pleuraient et se lamentaient, et qui en même temps se découpaient la tête avec des instrumens de dents de requin ; le sang inondait leurs visages et leurs épaules : ce qu’il y eut de plus fâcheux, il fallut essuyer les embrassemens de ces vieilles furies ; ce qui nous couvrit de sang. Cette cérémonie finie (car c’en était une), elles sortirent, se lavèrent, et revinrent bientôt aussi joyeuses que le reste de leurs compatriotes. Oréo parut enchanté de notre retour. La présence d’Oedidi, celle d’un ambassadeur du pays que nous venions de quitter, et que nous amenions, affermit sans doute la bonne opinion qu’il avait de nous, et inspira la confiance à tout son peuple. Après être restés là peu de temps, le chef et ses amis mirent un cochon et des fruits dans ma chaloupe, et ils vinrent dîner à bord avec nous.

» L’après-midi, ajoute Forster, nous nous promenâmes, autant que le permit la pluie, le long de la crique où était le vaisseau. La côte était bordée d’une quantité innombrable de pirogues, et chaque maison ou cabane fourmillait d’habitans qui se préparaient à faire de bons dîners sur des tas de provisions accumulées partout. On nous dit que la société des arréois était alors réunie. Durant notre relâche à Houaheiné nous avions vu soixante-dix piro-