Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gues montées par plus de sept cents arréoïs qui partirent un matin pour Ouliétéa : nous apprîmes ici qu’ils passèrent quelques jours au côté oriental de cette île, et qu’ils étaient arrivés sur la côte ouest, seulement un jour ou deux avant nous ; nous remarquâmes que c’étaient tous des personnages de quelque importance et de la race des chefs. Le tatouage des uns offrait de grandes et larges figures ; Oedidi nous assura que c’étaient les premiers de l’ordre, et que plus ils étaient couverts de piqûres, et plus leur rang était élevé. En général ils étaient tous robustes et bien faits, et tous guerriers de profession. Oedidi avait beaucoup de respect pour cette société ; il nous déclara qu’il en était. Ceux qui la composent sont unis par les liens d’une amitié réciproque, et ils exercent entre eux l’hospitalité dans toute son étendue : dès qu’un arréoï en va voir un autre, quoiqu’il ne le connaisse pas, il est sûr qu’on pourvoira à ses besoins, et qu’on lui donnera ce qu’il lui plaira de demander. On le présente aux membres de l’ordre, qui se disputent à qui le comblera le plus de caresses et de présens ; c’est pour cela qu’Oedidi jouit de tant de plaisir à Taïti. Les premiers insulaires qui le virent à bord étaient arréoïs, et à l’instant ils lui offrirent leurs habits, parce qu’il n’avait que des vétemens européens. Il paraît qu’une ou plusieurs personnes de chaque petite famille de chef entrent dans cette communauté, dont la loi invariable et fondamentale est qu’aucun des