Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/110

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membres ne peut avoir d’enfans. D’après le témoignage des naturels les plus éclairés, nous avons lieu de croire que, dans son institution primitive, on exigeait un célibat perpétuel ; mais comme cette loi blesse trop les mouvemens de la nature, qui sont d’une vivacité extraordinaire dans ce climat, ils y manquèrent bientôt : ils conservent cependant l’esprit de cette abstinence en suffoquant tous les enfans qui naissent parmi eux.

» Les arréoïs jouissent de différens priviléges, et on a pour eux une grande vénération aux îles de la Société et à Taïti ; ils sont très-fiers de ne point avoir d’enfans. Quand on dit à Topia que le roi d’Angleterre avait une nombreuse famille, il avoua qu’il se croyait plus grand que ce prince, parce qu’il était arréoï. Chez la plupart des autres peuples le nom de père est honorable, et il imprime le respect ; mais un arréoï taïtien le prend pour un terme de mépris et de reproche.

» Dans les grandes assemblées que tiennent les arréoïs, et dans les voyages qu’ils font, ils se nourrissent des végétaux les plus exquis ; ils mangent beaucoup de porc, de viande de chien, de poissons et de volailles, que les teouteous, ou la classe inférieure du peuple, leur fournissent libéralement. On leur prépare aussi la boisson de racine de poivre, dont ils font une consommation étonnante. Les plaisirs sensuels les accompagnent partout où ils vont ; ils ont une musique et des danses qu’on dit être très-lasci-