Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Les six semaines que nous venions de passer à Taïti et aux îles de la Société avaient dissipé toutes les maladies bilieuses et scorbutiques ; mais la moitié de l’équipage était attaquée du mal vénérien. D’après nos conversations avec Oedidi sur ses ravages, nous avons les plus fortes raisons de croire qu’il existait à Taïti et aux îles de la Société avant l’arrivée du capitaine Wallis, en 1768. Oedidi nous a souvent assuré que, plusieurs années auparavant, sa mère était morte de cette maladie à Bolabola. On a fait, dans tous les pays, de bien mauvais raisonnemens sur l’origine de cette peste ; on a maudit les Espagnols pendant près de trois siècles pour l’avoir apportée d’Amérique, et il est prouvé, d’une manière incontestable, qu’elle a commencé en Europe lorsque l’Amérique n’était pas encore découverte[1]. Les privautés de l’équipage avec les femmes de Tongatabou et des Marquésas, et leurs liaisons très-intimes avec les trompeuses habitantes de l’île de Pâques n’eurent aucun effet funeste. On peut en conclure que l’infection n’a pas encore éclaté sur ces îles ; mais ces conséquences ne sont pas toujours justes ; car le capitaine Wailis quitta Taïti sans avoir à bord un seul vénérien, et la maladie y était pourtant avant

  1. Voyez Petr. Martyr. ab Angleria Décad. American. — Dissertation sur l’origine de la maladie vénérienne, par M. Sanchez. Paris, 1752. — Examen historique sur l’apparition de la maladie vénérienne en Europe. Lisbonne, 1774. — Le docteur Hunter, dans les Transactions philosophiques, et d’autres.