Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/147

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et le présenta avec assurance à ces brigands qui, voyant qu’il était creux, reculèrent de deux ou trois pas ; il continua à les intimider avec cette arme formidable. Ces misérables tenaient cependant toujours leurs piques levées contre lui. Comme le soleil dardait ses rayons sur sa tête, et qu’il avait marché tout le jour, il était épuisé de fatigue, et il commençait à désespérer de sa vie, lorsqu’une jeune femme très-belle, remarquable par de longs cheveux qui flottaient en boucles sur son sein, eut pitié de lui : elle s’avança hardiment du milieu de la foule ; l’humanité et la compassion étaient peintes dans ses yeux ; son visage annonçait tellement l’innocence et la bonté, qu’il fut impossible à M. Patten de se défier d’elle : elle lui offrit un morceau de pamplemouse, qu’il accepta avec empressement et avec beaucoup de reconnaissance ; et quand il eut mangé ce premier morceau, elle lui en donna d’autres. Enfin deux canots se détachèrent du vaisseau : à cette vue toute la foule se dispersa. La généreuse Indienne et un vieillard, qui était son père, restèrent assis près du chirurgien avec la tranquillité qu’inspire une conduite noble et vertueuse. Elle demanda le nom de son ami ; il lui dit celui que les Taïtiens lui avaient donné, Patini : elle l’adopta sur-le-champ, en le changeant en Patsini. M. Patten, entrant dans le canot, fit présent à cette femme et à son père de divers objets qu’il emprunta de l’équipage.

» Dès que le capitaine fut instruit de cet évé-