Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/159

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de politesse que de cordialité. Le goût particulier qu’ils ont pour le commerce pourrait faire croire qu’ils ont substitué cette civilité trompeuse à la place de la véritable amitié : ils semblent agir d’après les principes mercenaires et intéressés qu’inspire le commerce. Cette partie de leur caractère est directement opposée à celui des Taïtiens, qui se plaisent dans une vie indolente, mais dont les affections plus senties ne se bornent pas à de simples apparences. Cependant les îles de la Société offrent un grand nombre d’individus sensuels, tels que les arréoïs, dont le caractère moral paraît un peu dépravé ; au lieu que les naturels des îles des Amis semblent ignorer les vices qui sont les fruits de l’opulence.

» Le 1er. juillet 1774, au lever du soleil, nous avions encore la vue d’Amattafoa, à la distance de vingt lieues dans l’est. En continuant notre route à l’ouest, le lendemain à midi, nous découvrîmes dans le nord-ouest une terre que nous voulûmes visiter. À quatre heures après midi, des brisans, qui se montrèrent de l’avant et qui paraissaient s’étendre au loin, nous empêchèrent de pousser plus loin la découverte : nous reconnûmes le lendemain à la pointe du jour que nous étions plus éloignés de la côte que nous ne l’avions imaginé ; à onze heures j’arrivai sous le vent de l’île où l’ancrage et le débarquement paraissaient praticables. Afin de nous assurer du premier, j’envoyai un canot, aux ordres du maître,