Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/166

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» En approchant du rivage, nous remarquâmes une crique qui avait l’apparence d’un bon havre ; elle était formée par une pointe basse ou péninsule qui s’avançait au nord. Sur cette pointe étaient des habitans qui paraissaient nous inviter à descendre à terre ; et vraisemblablement ce n’était pas à bonne intention, car ils étaient presque tous armés d’arcs et de flèches. Dans la vue de gagner du terrain et le temps nécessaire pour équiper et mettre dehors les canots, je revirai de bord et courus une bordée, ce qui nous fit découvrir un autre havre une lieue environ plus au sud. Les deux canots que j’avais envoyés pour sonder et chercher un mouillage nous ayant signalé qu’ils en trouvaient un dans le dernier havre, j’y laissai tomber l’ancre sur onze brasses d’eau à près de deux encâblures de la côte, et à un mille en dedans de l’entrée.

» L’officier qui commandait les bateaux nous dit que les naturels s’étaient avancés sur leurs pirogues, très-près de lui ; que, loin de lui faire aucune insulte, ils agitaient des rameaux verts, et qu’après avoir rempli leurs mains d’eau salée, ils la versaient sur leurs têtes : l’officier ne manqua pas de leur rendre ce compliment et ce témoignage de bienveillance. Ils s’approchèrent enfin du vaisseau, remuant toujours des plantes vertes, et en particulier les feuilles du dragonnier et d’un beau croton variegatum : ils répétaient continuellement le mot tomar ou tomarro, expression qui semble