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équivaloir au tayo de Taïti. La plupart étaient cependant armés d’arcs, de flèches et de piques. Ils se préparèrent ainsi, à tout événement, à la paix ou à la guerre.

» Dès que nous fûmes à l’ancre, continue Forster, plusieurs arrivèrent dans leurs pirogues. On leur donna des étoffes de Taïti, qu’ils acceptèrent avec empressement ; et par reconnaissance, ils offrirent quelques-unes de leurs flèches, d’abord celles qui étaient armées seulement de bois, et ensuite d’autres armées de pointes d’os, et barbouillées d’une gomme noirâtre, qui nous les fit croire empoisonnées. On les essaya sur un petit chien de Taïti, qu’on blessa à la jambe ; mais cette blessure n’eut aucune suite funeste. La langue de ce peuple est si différente de tous les dialectes de la mer du Sud que nous avions entendus jusqu’alors, que nous n’y comprîmes pas un seul mot : elle était beaucoup plus dure, et remplie de r, s, ch, et d’autres consonnes. Ces insulaires ne ressemblaient pas non plus par la stature à leurs voisins ; ils étaient tous extrêmement minces, et, en général, leur taille n’excédait pas cinq pieds quatre pouces ; leurs membres manquaient souvent de proportion ; ils avaient les jambes et les bras longs et grêles, le teint d’un brun noirâtre ; les cheveux noirs, frisés et laineux ; les traits de leur visage nous paraissaient plus extraordinaires que tout le reste : ils avaient le nez large et plat, les pommettes des joues proéminentes comme les