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autour de ces habitations. Ayant tout observé nous rentrâmes dans le canot, et nous rangeâmes le rivage jusqu’à la pointe sud-est du havre, où nous descendîmes pour aller à pied le long de la plage. Nous ne tardâmes pas à découvrir les îles qui sont au sud-est, et dont nous avons fait mention. Nous apprîmes alors les noms de ces îles et de celle où nous étions ; ils l’appellent Mallicolo[1]. La première, au-dessus de la pointe méridionale d’Ambrym, a le nom d’Épi ; et l’autre, sur laquelle s’élève un pic, est appelée Peoum. Nous trouvâmes sur la plage un fruit ressemblant à une orange, que les insulaires nomment abbi-mora ; mais comme il était pouri, je ne puis pas dire s’il est bon à manger.

» Le 23, à sept heures du matin, je fis lever l’ancre pour profiter du clair de lune. Les Indiens, nous voyant sons voile, arrivèrent dans leurs pirogues. Les échanges se firent avec plus de confiance qu’auparavant, et ils nous donnèrent des preuves si extraordinaires de leur loyauté, que nous en fûmes surpris. Comme le vaisseau marcha d’abord fort vite, nous laissâmes en arrière plusieurs de leurs canots qui avaient reçu nos marchandises, sans avoir eu le temps de donner les leurs en échange. Au lieu de profiter de cette occasion pour se les approprier, comme auraient fait nos amis des

  1. Ou mallicola. Quelques-uns de nos gens prononçaient manicolo ou manicola, et c’est ainsi qu’elle est écrite dans le Mémoire de Quiros que Dalrymple a fait imprimer.