Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/175

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îles de la Société, ils employèrent tous leurs efforts pour nous atteindre et nous remettre ce dont ils avaient reçu le prix. Un des Indiens nous suivit pendant un temps considérable ; et le calme survenant, il parvint à nous joindre. Dès qu’il fut le long du vaisseau, il montra ce qu’il avait déjà vendu ; plusieurs personnes voulurent le lui payer ; mais il refusa de s’en défaire jusqu’à ce qu’il aperçût celui qui le lui avait acheté, et il le lui remit. La personne ne le reconnaissant pas, lui en offrit de nouveau la valeur ; mais cet honnête Indien ne voulut point l’accepter, et lui fit voir ce qu’il avait reçu en échange. Les pièces d’étoffe et le papier marbré furent fort recherchés de ces insulaires, qui ne mettaient aucun prix, à nos clous, à nos outils de fer, à nos grains de verroterie. Les pirogues ne furent jamais plus de huit ensemble devant le vaisseau ; on ne voyait pas plus de quatre ou cinq Indiens dans chacune : ce qui prouve qu’ils ne sont pas habiles pêcheurs. Il arrivait quelquefois qu’ils se retiraient subitement au rivage sans avoir fait la moitié des échanges qu’ils paraissaient s’être proposés ; et d’autres venaient ensuite les remplacer.

» Comme nous sortions du havre à la marée basse, un grand nombre d’habitans étaient alors sur les récifs qui bordent l’île, pour y amasser des coquillages. Ainsi notre séjour sur leur côte ne les empêcha point de suivre leurs occupations ordinaires. Sans doute que, ne leur causant aucune inquiétude, si nous eussions fait