Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/176

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un plus long séjour, nous aurions lié une plus étroite amitié avec eux. On pourrait presque les regarder comme une espèce de singes, car ils sont très-laids et très-mal proportionnés ; et à tous égards ils diffèrent beaucoup des nations que nous avons visitées dans cette mer. Ces hommes, d’une très-petite race, sont d’une couleur bronzée ; ils ont la tête longue, le visage-plat, et la mine des singes. Leurs cheveux, généralement noirs ou bruns, sont courts et crépus, sans être aussi doux et aussi laineux que ceux d’un nègre d’Afrique. Leur barbe est forte, touffue, et ordinairement noire et courte. Mais ce qui ajoute infiniment à leur difformité, c’est une ceinture ou corde qu’ils portent tous autour des reins, et qu’ils serrent si étroitement sur le ventre, que la forme de leur corps est semblable à celle d’une grosse fourmi. Ce cordage est aussi gros que le doigt, et forme une entaille si profonde sur le nombril, que le corps paraît en quelque sorte double. Les hommes vont tous nus, et à peine se couvrent-ils les parties naturelles d’un morceau de natte, ou d’une feuille dont ils se servent comme d’un pagne.

» Nous vîmes peu de femmes, et elles n’étaient pas moins hideuses que les hommes. Elles se peignent la tête, le visage et les épaules de rouge : elles portent une espèce de jupe ; quelques-unes avaient sur le dos une sorte d’écharpe, où elles placent leurs enfans. Il n’en vint aucune à bord ; et quand nous étions à