Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/198

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» Tandis qu’on effectuait cette opération, les insulaires arrivaient de toutes parts, et, formant deux corps séparés, ils se rangèrent de chaque côté du débarquement, comme ils avaient fait le jour précédent ; ils portaient tous les mêmes armes. Une pirogue montée par un seul homme, et quelquefois par deux ou trois, venait de temps à autre au vaisseau : elle était chargée de cocos et de bananes, qu’elle offrait sans rien demander en retour ; mais j’avais soin qu’on lui fît toujours des présens. Leur principal dessein parut être de nous inviter à descendre à terre. Le vieillard qui avait si bien su se concilier notre amitié fut du nombre de ceux qui se rendirent au bâtiment : je lui fis entendre par signes qu’ils devaient mettre bas leurs armes. Il commença par prendre celles qui étaient dans la pirogue, et les jeta dans la mer. Je lui donnai une grande pièce d’étoffe rouge : je ne pouvais pas douter qu’ils ne m’eût compris, et qu’il ne fît connaître ma demande à ses compatriotes ; car, dès qu’il fut à terre, nous le vîmes passer successivement de l’un à l’autre corps, et conférer avec les insulaires ; et depuis il ne reparut plus avec des armes. L’instant d’après, une pirogue où étaient trois Indiens s’approcha de l’arrière : l’un d’eux, brandissant sa massue d’un air arrogant, en frappa le côté du vaisseau, et commit divers actes de violence ; mais il offrit enfin de l’échanger pour un cordon de verroterie et d’autres bagatelles. On les lui