Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à bord. C’était celui qui montra tant de sang-froid en restant seul dans sa pirogue, lorsqu’à l’explosion du canon deux cents autres insulaires se jetèrent pêle-mêle dans la mer. Avant le dîner je lui montrai toutes les parties du vaisseau ; mais je remarquai que rien ne pouvait fixer un moment son attention, ni lui causer la moindre surprise. Il n’avait jamais vu de chèvres, ni de chiens, ni de chats, et il les prenait pour des cochons, en les appelant bougas. Je lui fis présent d’un chien et d’une chienne, qu’il paraissait préférer aux autres espèces d’animaux. Un instant après son arrivée à bord, quelques-uns de ses amis qui le suivirent dans une pirogue vinrent le demander, probablement par inquiétude pour sa sûreté. Il regarda par la fenêtre ; dès qu’il eut parlé ils retournèrent au rivage, et lui apportèrent aussitôt un coq, une petite canne à sucre, et des cocos qu’il me donna. À table, il ne voulut goûter d’autre viande que du porc salé ; il mangea volontiers de l’igname, et but un verre de vin.

» Ainsi que ses compatriotes, il n’avait pas la même facilité de prononciation que les Mallicolais ; et quand il nous demanda nos noms, nous fûmes obligés de les lui dire en les adoucissant, suivant les organes plus flexibles des Taïtiens. Il avait de beaux traits, de grands yeux très-vifs, et toute sa physionomie annonçait de la bonne humeur, de l’enjouement et de la pénétration. Forster cite un exemple de son intelligence. Le capitaine Cook et mon